Palmarosa, fragrances girly roses et parfums légendaires

Image (c) Éditions Gallimard, couverture Vol de nuit, Antoine de Saint-Exupéry, Folio

Quelle est votre expérience avec le Palmarosa ? Quelle est votre expérience avec les parfums floraux ? Faites-le moi savoir dans un commentaire ci-dessous ⬇

L’huile essentielle (HE) Palmarosa est obtenue par distillation de l’herbe (partie aérienne) de Cymbopogon martinii var. motia, une graminée originaire d’Indochine.

Comme son nom l’indique, « Palma-rosa » se trouve dans la famille olfactive des parfums floraux qui regroupe une large gamme d’extraits. Le Palmarosa a sa place dans le sous-groupe des roses, aux côtés de la Rose de Damas, du Géranium rosat et de l’Hélichryse italienne. Rhind décrit le parfum comme frais, doux, délicat, floral (Rose) avec des notes boisées, de violette et huileuses (Rhind, 2014).

D’autres huiles essentielles du genre Cymbopogon sont :

• HE Citronnelle de Madagascar ou Ahibero (Cymbopogon giganteus, partie aérienne)
• HE Citronnelle de Java (Cymbopogon winterianus, partie aérienne)
• HE Citronnelle (Cymbopogon citratus, partie aérienne)
• HE Cymbopogon schoenanthus (Cymbopogon schoenanthus, partie aérienne)

En raison de ses qualités olfactives, le Palmarosa se retrouve dans la pyramide olfactive de parfums floraux. J’étais curieux de savoir quels parfums récents misaient sur les atouts du Palmarosa. J’ai visité une parfumerie et j’ai posé ma question. L’appli de la commerçante m’a indiqué trois parfums floraux que je ne citerai pas ici. Sur le chemin du retour en voiture et plus tard en écrivant cet article, je me suis laissé impregner par le trio.

Trois marques, trois parfums. Il s’avère pas évidente de situer le Palmarosa dans la pyramide olfactive. Mais aucune importance. J’ai abandonné. Je avoue que je n’ai jamais aimé les fragrances girly roses (rose, comme l’odeur et peut-être en encore plus comme la couleur). Elles me rappellent les poupées Barbie blondes en costume rose, les affiches de films mettant en scène Marilyn Monroe (rien de mal avec Marilyn) et l’eau savonneuse insipide. 100% sucré avec une palette olfactive aussi plate qu’une plage de la mer du Nord.

Le business des parfums. Je lis avec stupéfaction les témoignages de jeunes parfumeurs qui abandonnent leur métier. La passion pour le parfum a été étouffée par la logique des molécules, des études de marché et du profit.

Offrez-moi un Parfum avec une majuscule. Un parfum qui vous immobilise dans la rue. Immobile, comme le temps.

Offrez-moi un Parfum avec une majuscule. Un parfum qui vous immobilise dans la rue. Immobile, comme le temps. Qui fait penser à un premier baiser, ultime garde-frontière de la porte du bonheur. C’est l’attirance et l’abandon, sans hésitation. Même si le parfum de l’être-aimé·e est connu d’un bout à l’autre, la passion reste intacte. Un parfum de caractère, qui se mêle imprudemment à l’odeur de sa peau, qui embrasse sans demander, qui arrête brutalement tout flux de pensée et qui colle à la peau comme un tatouage.

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Ma recherche de parfums portant le Palmarosa dans la pyramide olfactive s’est révélée tout sauf évidente. Je soupçonne que, dans les descriptions des parfums, le Palmarosa doit parfois céder la place à la « vraie » Rose ou à d’autres matières florales.

Puis, soudainement, il y a Vol de nuit de Guerlain (1933), nommé d’après le livre du même nom d’Antoine de Saint Exupéry, contemporain de Jacques Guerlain et auteur du « Petit Prince ». Selon certaines sources, le Palmarosa pourrait en faire partie, mais ce n’est pas certain.

Alors pourquoi en parler ? J’aime les parfums emblématiques. Les pionniers mythiques. Les légendaires. Depuis des mois, je vis en compagnie de L’Heure Bleue (1912) de Guerlain. Avec un accord d’Oeillet et de Néroli en notes de cœur, des notes poudrées d’Iris et des notes parfumées de Vanille, de Benjoin et de fève Tonka (Dipteryx odorata).

Si L’Heure Bleue est une telle réusitte, Vol de nuit devrait l’être aussi. Ma curiosité est piquée. Vol de nuit, c’est la Jonquille (Narcissus jonquilla) de la famille des narcisses (Amaryllidaceae). Pour certains, c’est avant tout une note verte et florale avec la fleur d’Oranger. Ou une « Guerlinade » subtile avec de l’ambre et du bois.

Vol de nuit sur le site de Guerlain

Il nous arrive d’envier les matières premières du parfumeur, n’est-ce pas ?

Les absolus de la Mousse de chêne, du Foin et du Sweet grass nous font rêver.

Retour sur les huiles essentielles habituelles.

L’huile essentielle Palmarosa se marie à merveille avec d’autres senteurs florales : la rose de Damas, le Géranium rosat, l’Hélichryse italienne et les parfums proches de la rose comme le Bois de rose. Nous restons donc dans la palette des parfums floraux.

Si vous souhaitez « élargir », mélangez l’HE Palmarosa à l’HE Santal d’Australie ou, pour les adaptes, à l’HE Patchouli.

À propos d’élargissement. Dans l’édition d’oct-déc. de la revue aroma, je consacre un article au nouveau livre de Christian Escriva : Fondements de l’approche sensorielle des plantes médicinales. Si les odeurs et l’expérience olfactive vous tiennent à cœur, je vous recommande vivement ce petit livre.

Image (c) Éditions Gallimard, couverture Vol de nuit, Antoine de Saint-Exupéry, Folio ; Narcissus jonquilla (c) iStock

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