
La cuisine de Picasso

Picasso : la cuisine
Existent-ils des similitudes entre l’art de Picasso et notre expérience olfactive ?
Dans cet article, je mets de côté l’application « clinique » des huiles essentielles pour faire place à la façon la plus merveilleuse (à mon avis) d’utiliser les extraits de plantes aromatiques : l’expérience olfactive.
↓ Partagez un commentaire en bas de cet article.
→ Que souhaitez-vous lire sur Aroma Blog ? hello@geertdevuyst.fr
Ceci est un article « Débutant·e ». Cet article n’est pas destiné à se substituer à un avis médical professionnel, un diagnostic ou un traitement. Lisez les Conditions d’utilisation. Si vous débutez avec des huiles essentielles, lisez les Précautions d’emploi.
Picasso
Le week-end dernier, j’ai visité l’exposition Picasso & Abstraction* aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles. Depuis la vingtaine, je suis fasciné par l’abstraction et la figuration. Lors de ma visite, je me suis rendu compte que je recherchais des éléments odorants dans l’œuvre de Picasso. Une œuvre intitulée « Roses et grand vase » ? Une simple fleur illustrée?
Je m’arrête, dans la dernière étape de l’exposition, devant « La cuisine » de Picasso, une peinture à l’huile de plus de deux mètres et demi de largeur. Le podcast raconte : « Des traits rigides reliant des points névraligiques. Une armature qui épouse et cloisonne des plages de couleurs grisâtres ». Je m’assieds sur un banc devant le tableau et je me balade, dans la tête, dans la cuisine d’après-guerre de Picasso.
Le podcast fait référence au « Projet pour un monument à Guillaume Apollinaire » et la qualifie de « la statue faite de rien ». Je reviens sur mes pas pour savourer cette pièce.
Existent-t-il des similitudes entre l’art, l’œuvre de Picasso et la façon dont nous percevons les odeurs : l’expérience olfactive ?
Existent-t-il des similitudes entre l’art, l’œuvre de Picasso et la façon dont nous percevons les odeurs : l’expérience olfactive ? La réponse à la question est résolument oui. Les parallèles sont à tel point immens que je n’arrive pas de suite à en former des idées précises. L’œuvre en fil de fer et tôle de Picasso, ainsi que son impressionnante « cuisine », m’occupent jusqu’à ce que je m’endorme dans le train du retour.
*Picasso & Abstraction, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, jusqu’au 12 février 2023.

Picasso – Projet pour un monument à Guillaume Apollinaire
La perception des odeurs
Il est bien connu que la détection des odeurs relève d’un processus incroyablement complexe. En percevant une odeur, les composants odorants rentrent en contact avec l’épithélium olfactif, un tissu de 5 à 9 cm2 situé sur le toit de la cavité nasale. Plus de 1000 récepteurs d’odeurs différents, répartis sur des millions de neurones, transmettent l’odeur détectée au bulbe olfactif, suivi d’un traitement par des engrenages dans diverses parties de notre cerveau antérieur (Yeshurun, Y., & Sobel, N. , 2010). Pensez, par exemple, aux souvenirs autobiographiques que les odeurs peuvent évoquer d’une manière si distincte des mots, des images ou des sons (Hackländer, R. P. M., & Bermeitinger, C., 2017).
Picasso – La cuisine
Les émotions
Le traitement de l’odorat par notre cerveau se déroule, entre autre, dans les principales zones impliquées dans les émotions : l’amygdale, l’hippocampe et le cortex orbito-frontal. L’odorat et l’émotion sont littéralement et de façon directe liés l’un à l’autre. La détection de l’odeur (la stimulation olfactive) peut activer directement les neurones de l’amygdale, contournant ainsi le cortex olfactif primaire (Hartley, N., & McLachlan, C. S., 2022 ; Krusemark, E. A., et al., 2013). En d’autres termes, les odeurs peuvent solliciter et influencer des émotions sans que notre « tête » (notre pensée) n’intervienne.
Les odeurs peuvent solliciter et influencer des émotions sans que notre « tête » (notre pensée) n’intervienne.
N’est-ce pas l’expérience que nous faisons en s’ouvrant à une œuvre d’art ? Pas besoin de réflexion ni de manuel d’histoire de l’art. Seulement la perception pure et les émotions et sentiments qui s’ensuivent.
Les images spatio-temporelles
Des chercheurs émettent l’hypothèse que les odeurs sont représentées dans notre cerveau comme une image spatio-temporelle, composée d’ensembles de neurones actifs, répartis dans l’espace et dans le temps (voir, par exemple, Perl, O., et al., 2020 ; Spors, H., & Grinvald , A., 2002).
N’est-ce pas excatement de cette façon-là que nous « lisons » de l’art ? En s’immobilisant devant l’œuvre de Picasso, nous plongeons petit à petit plus profondément dans l’œuvre et découvrent des couleurs, des lignes, des formes et des éléments de la composition que nous n’avions pas perçues au premier coup d’œil ?
Dépendant du contexte
Avez-vous déjà regardé une œuvre d’art le ventre vide ? Au moment où nous « vivons » une œuvre d’art, notre expérience est en partie déterminée par ce que nous ressentons le jour de la visite du musée, par ce qui nous occupe et par les événements qui ont précédé le moment de la perception.
L’odorat est également déterminé par le contexte. Lors du traitement de’information olfactive, le cerveau prend en compte des informations sensorielles non olfactives (telles que provenant de nos autres sens) et du contexte. Après tout, la perception sensorielle, y inclus la perception olfactive, ne se déroule pas dans le vide, mais dans un riche contexte d’états physiologiques et psychologiques internes. Par exemple, une odeur de nourriture est ressentie comme agréable surtout lorsque la réserve d’énergie métabolique de notre corps diminue, un état qui favorise la recherche et la consommation de nourriture (Krusemark, E. A., et al., 2013).
Vous avez aimé ?
Pour conclure, notre cerveau réduit l’information olfactive multidimensionnelle à un objet odorant unidimensionnel qui, selon certains chercheurs, ne sert qu’à répondre à une seule question : est-ce une odeur agréable ou non ? (Anglais : pleasantness) (Yeshurun, Y., & Sobel, N., 2010).
Comment avez-vous quitté le musée ? Vous vous êtes dit·e : « Wow, c’était magnifique! » ou « Je n’ai pas du tout aimé » ?
Sacré bonhomme, ce Picasso !
Photos Geert De Vuyst, lors d’une visite à l’expo Picasso & Abstraction, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
Cet œuvre est protégée par le droit d’auteur. Contactez-moi si vous souhaitez utiliser un extrait.